Généralités
De même qu’aujourd’hui les magazines de modes ne sont pas représentatifs de la manière dont s’habillent nos contemporains, l’iconographie médiévale ne doit pas être prise pour argent comptant. L’iconographie répond à des esthétiques, des codes et des symboliques propres à leur période. Derrière chaque image il y a un contexte historique, géographie et culturel qu’il est important de regarder si on souhaite être rigoureux.
N’étant pas historienne et ne cherchant pas à produire quelque chose à caractère scientifique mais une illustration de ce qu’était le costume à l’époque du jeu les Royaumes Renaissants, utilisable et abordable pour les joueurs, je fais de nombreux raccourcis et approximations.
Des tenues et costumes
Le costume a un rôle sociale important : il caractéristique la classe sociale (paysan, commerçant, noble) la fonction (artisan, marchand, médecin), mais aussi l’âge des individus. Les tenues varient suivant les usages : intérieur, travail, apparat, voyage etc. et les régions. On trouve sur la fin du Moyen-Âge des lois somptuaires qui réservent des couleurs à certaines classes ou fonctions, mais aussi et surtout certaines teintures particulièrement onéreuses à la grande aristocratie (comme le pourpre par exemple). Toutes fois ces pratiques évoluent dans le temps et dans l’espace. Il faut donc se garder des généralisations hâtives sur ces questions.
D’une manière générale les individus à l’époque médiévale possèdent peu de tenues différentes, y compris dans la noblesse, car une tenue est quelque chose d’onéreux.
On distingue les vêtements de dessous, composé d’une chainse ou chemise relevant de l’intimité et les vêtements de dessus fait pour être vu. Il n’existe pas ou peu de représentation de sous-vêtements et leur existence (notamment celui d’un simili soutien-gorge, retrouvé dans des fouilles) fait l’objet de controverse chez les spécialistes, du fait de l’absence de contexte précis. Toutefois les historiens s’accordent à dire que les vêtements prêt du corps ne doivent pas être teintés (pour des raisons d’hygiènes et pratiques…) mais aussi morales.
Du métier de couturière.
On n’achète pas de tenue toute prête au moyen âge, mais les draps et étoffes qui sont ensuite transformés dans le « foyer » soit par des serviteurs soit par les femmes de la maison. Si on regarde par exemple les comptes des ducs d’Anjou au XVème siècle, on trouve de nombreuses références à l’achat de draps, au nom de l’artisan correspondant, mais pas de mention des couturiers.
Les couleurs
C’est un sujet vaste et important qui a été très étudié par M. Pastoureau notamment. Il nous apprend plusieurs choses très intéressantes.
Les teinturiers sont des artisans réunis en corporation mais on distingue les teinturiers de bleu et les teinturiers de rouges. Les premiers teignent le bleu, le vert, le noir. Les deuxièmes teignent le rouge, le jaune et le blanc. Les deux teintes ne se mélange pas !
Le rouge
C’est une couleur de joie, des festivités. Il existe de nombreuses manières de teindre en rouge des très chers (kermès, pourpre) au très communes (garance). La teinture à la garance est très tenace et très bon marché ce qui rend cette couleur très courante. C’est pour cela que, jusqu’au début du XIX on se marie en rouge.
Le bleu
Jusqu’aux XIIème/XIIIème siècles les teinturiers ne maitrisent pas cette couleur. Il faut attendre la fin du moyen âge pour que le bleu soit répandu. Il reste relativement cher car produit soit à base de guède (ou pastel) soit à base d’indigo importé de Chine et donc très cher.
Le jaune :
Le genêt est très bon marché ou la gaude (un peu plus cher) ou même le safran (pour les plus riches).
Le vert :
Il y existe beaucoup de teintures vertes végétales, mais elles tiennent assez difficilement et sont assez instables. Cela vient notamment que l’idée de mélanger du jaune et du bleu n’existe pas au Moyen Âge.
Le noir :
Le noir intense existe, mais il est horriblement cher car fait à partir de noix de gale. Ce noir intense est donc un produit de luxe réservé aux princes. Pour autant le noir et les teintes très sombres sont aussi rependus dans les classes sociales inférieures car ils sont symboles d’humilité, de modestie (tenues des moines bénédictins par exemple). Il est couramment porté pendant les deuils.
Le blanc :
Il n’est pas possible de teindre en blanc véritablement sur la période médiévale (et même jusqu’au 18ème) On peut au mieux laisser l’étoffe se décolorer au soleil et si on est un peu plus riche avec des plantes de la famille de la saponaire. Le deuil des reines de France se fait en blanc, entre le début du XIVème et le début du XVème.
Pour aller plus loin, le cycle de conférence de M. Pastoureau au Louvre : http://www.louvre.fr/les-couleurs-du-moyen-agemichel-pastoureau